La Nuit de Battista DOSSI

 

 

Dossi

 1544,Dresde, Gemaldegalerie.Huile sur toile, 82x149cm.

      Ferrare, lieu singulier des puissances de l’imaginaire. Parce que, dans le domaine des Arts, la seule évocation de cette petite principauté de la région du Pô, nous renvoie aussitôt à la brillante période renaissante désormais indissociable du mécénat, aussi débridé qu’atypique, de la maison d’Este.
      Cet imaginaire complexe et déroutant trouve en partie ses sources dans la nature même de l’aristocratie ferraraise, pétrie d’héraldisme et de récits de chevalerie (derrière lesquels se cachent, il est vrai plus prosaïquement la figure du condottiere !) mais aussi, avide de références hermétiques, délicieux labyrinthe initiatique où la mythologie la plus savante s’enchevêtre dans les méandres  d’une astrologie d’alchimistes. Ce sont sans doute les fresques de la Salle des mois du palais Schifanoia peintes par Francesco del Cossa qui expriment le mieux cet idéal de cour, fondé sur le double postulat de l’élitisme et du divertissement (1, fig.1).

Francesco del Cossa

Fig.1 Le Triomphe de Venus de Francesco del Cossa 

      Francesco del Cossa s’inscrit dans un mouvement pictural qui, à défaut  constituer une véritable école, s’émancipe brillamment des idéaux florentins par sa propension à l’originalité, laquelle confine volontiers à la névrose. Voyez, outre Ercole de Roberti et Lorenzo Costa, l’unique Cosme Tura (2, fig.2).

 cosme tura_La muse Erato 1458-1460, Londres, Ng

Fig.2 La Muse Erato de Cosme Tura

      Cette fantaisie débridée des images, qui semble comme l’heureux débordement visuel  des aspirations parfois trop doctrinales d’une renaissance issue du néo-platonisme, c’est aussi celle des mots, avec la contribution, au demeurant disproportionnée, de Ferrare à la littérature épique. Voici Boiardo et son Roland amoureux (1485), l’Arioste et le Roland furieux (1515-1532) et bien sur, le Tasse, prolifique auteur de La Jérusalem délivrée (1581) dont l’existence tourmentée passionnait tant Delacroix et les romantiques (3, fig.3).

Delacroix Le Tasse

 Fig.3 Le Tasse dans la maison des fous d’Eugène Delacroix

    Battista, c’est l’autre Dossi, celui que la postérité a un peu oublié. La gémellité stylistique qu’il partage avec son frère ainé, Dosso Dossi, a sans doute entretenu la confusion, autant pour identifier les œuvres  que pour authentifier l’auteur. Parce que ces deux frères semblent sortir d’un récit picaresque que n’auraient pas désavoué Carlos Fuentes ou Borges. Ferrare, ville fantasque qui nous fait douter de l’existence de ses artistes.
      Le style Dossi, ce sont ces figures souvent courtes et massives, comme des divinités peintes par Jules Romain maladroitement réduites. Ce sont des mouvements un peu raides, comme si les membres n’appartenaient plus tout à fait au reste du corps(4, fig.4). Peintures surprenantes par la naïveté formelle, où les incohérences inventent un langage, mais aussi peintures profondément attachantes par la verve singulière de la narration.Dans ce XVIe siècle épris d’idées autant que d’idéalisme, surgissent ainsi de curieux jumeaux, artisans inventifs  d’un maniérisme insolite.

Dosso Dossi Allegorie de la Fortune

Fig.4 Allegorie de la Fortune de Dosso Dossi

 La Nuit dans la peinture : le thème mériterait mieux qu’une  énième  parution – catégorie beaux livres – pour je ne sais quel cadeau d’entreprise de fin d’année ! A la vérité, plutôt qu’une nuit, il existe une infinité de nuits, dont la plupart doivent beaucoup au religieux.
      Nuit-avènement, avec le chef-d’œuvre de Corrège(5), Nuit-Passion, de Gethsémani au Golgotha, avec Giotto et surtout Lorenzetti, Nuit-Délivrance, dont La libération de St Pierre de Raphaël constitue la manifestation la plus visionnaire, mais aussi Nuit-veillée ou Nuit-révélation avec Le songe de Constantin du génial Piero d’Arezzo. Il arrive pourtant que ces nuits, en perdant leurs étoiles, échappent au strict cadre du religieux pour s’abîmer dans la Nuit-aliénation, celle de nos angoisses les plus intimes et les plus universelles à la fois, celle du Cauchemar, indissociable de la fulgurante synthèse de Füssli (6, fig.5).

John_Henry_Fuseli_-_The_Nightmare

Fig.5 Le Cauchemar d’Heinrich Füssli

    Sans doute, Daniel Arasse, qui n’a pas cessé de nous prévenir des confusions liés à l’anachronisme en matière d’histoire de l’art, ne partagerait pas le raccourci : l’ébauche d’un syncrétisme esthétique de la psychologie se heurterait inévitablement à la difficulté d’établir des liens de fixation – au sens d’une lecture univoque, sinon consensuelle, de l’humain – par delà les cultures, les mentalités et les siècles. C’est en effet un lieu commun : pour apprécier Melencolia, fameuse gravure de Dürer(fig.6), dans toute sa complexité, il faut  commencer par oublier ce que le langage courant a fait subir à la notion de mélancolie, sécularisée, individualisée et atténuée jusqu’à se confondre avec le champ lexical du  spleen ou de la nostalgie. Parce qu’en effet, La Mélancolie de Dürer exprime à elle seule ce vaste chantier d’érudition, dont les mots et les idées ne semblent appartenir qu’au XVIe siècle.

melancolie_durer

Fig.6

   Mais l’angoisse serait donc née avec Kierkegaard, simplement parce qu’il est le premier à l’avoir érigée en concept? Serions-nous donc les seuls découvreurs, sinon les dépositaires, des complexités de la nature humaine pour nous autoriser à considérer cette Nuit de Battista Dossi, sous le seul aspect d’une culture  humaniste érudite et révolue jusqu’à l’opacité des sources? Une culture qui nous serait devenue aussi étrangère que les grottes d’Ajanta, selon une lecture de l’art réduisant les expressions plastiques à un ensemble contextuel de codes dont on a, en somme, perdu les clés… Mais peut-on vraiment évacuer d’emblée toute dimension d’angoisse chez  le Ferrarais (fig.7), sous prétexte qu’il faut attendre le romantisme noir de Füssli pour entériner la quintessence visuelle des tourments intérieurs?
   

La nuit

Fig.7

   Empreinte d’une érudition indissociable de son contexte humaniste, cette angoisse plus ou moins latente, parce que plus diffuse et plus implicite, nous offre pourtant bien ici les stigmates d’une inquiétude qu’il convient de ne pas circonscrire au monde de Breughel, son contemporain.
      Peinture savante, en effet, que cette Nuit, où abondent les références d’auteurs  gréco-latins. Trop d’auteurs. En vrai classique, Nicolas Poussin aurait condamné un sujet qui s’étiole dans l’abondance des sources. Mais Battista Dossi, né cent ans plus tôt, ne semble à l’aise que dans l’accumulation des citations.
      Ainsi, La Thébaïde du poète Stace, qui décrit en quelques lignes l’antre du Sommeil comme la didascalie emphatique d’un drame lyrique :
« Déjà la lune, surgissant aux confins des espaces qu’abandonnait Phébus, et montant avec lenteur sur l’univers silencieux, avait imprégné l’atmosphère rafraichie de la douce rosée qui coule de son char. Oiseaux et quadrupèdes étaient muets; déjà le sommeil, mollement balancé à travers les airs, se glissait au chevet de l’avare douleur, y portant avec lui les charmes du repos et l’oubli de la vie ».
      Mais c’est Ovide et ses Métamorphoses, plus précisément les vers du Livre XI qui décrivent longuement le Pays du Sommeil et des Songes : « Iris a revêtu sa robe aux mille couleurs; elle part; son arc brillant trace sa route. Elle vole vers l’antre du Sommeil. Près du pays des Cimmériens, un mont creusé en voûte, recèle un antre profond, du Sommeil nonchalant retraite et palais solitaire. Soit que le soleil se lève à l’orient, soit qu’il arrive au milieu de sa carrière, ou que vers l’Hespérie il abaisse son char, jamais ses rayons ne pénètrent l’obscurité de ces lieux. D’humides brouillards les environnent. Un jour douteux à peine les éclaire. Jamais le chant du coq n’y appelle l’Aurore. Jamais le silence n’y est troublé par la voix des chiens vigilants, par celle de l’oiseau qui, plus fidèle encore, sauva le Capitole. On n’y entend jamais le lion rugissant, l’agneau bêlant, ni l’aquilon sifflant dans le feuillage, ni l’homme et ses clameurs. Le repos muet habite ce désert. Seulement du fond de la caverne obscure, sort un ruisseau, image du Léthé, qui, sur les cailloux roulant une onde paresseuse, par son doux murmure appelle le sommeil. Autour de l’antre croissent diverses plantes et fleurissent d’innombrables pavots. La Nuit exprime leurs sucs assoupissants, et les répand dans l’univers. Rien ne défend l’entrée de ce palais; aucune garde n’y veille. Une porte tournant sur ses gonds du dieu fatiguerait l’oreille. Au fond s’élève un lit d’ébène fermé d’un rideau noir ».
      Description onirique du Pays du sommeil, suivie d’une évocation des Songes,  ces étranges créatures que Battista Dossi peint avec une entêtante volupté : « Là, plongé dans un épais duvet, le dieu sans cesse repose ses membres languissants. Autour de lui, sous mille formes vaines, sont couchés des Songes, égaux en nombre aux épis des champs, aux feuilles des forêts, aux sables que la mer laisse sur le rivage. Iris écarte, de ses mains, les Songes fantastiques ».
      A propos des Songes, la source littéraire la plus complète demeure sans doute L’Histoire véritable, texte littéralement stupéfiant de Lucien, dit Lucien de Samosate (7), que le cercle de Battista Dossi ne pouvait ignorer. Au risque d’allonger mon texte ,je ne résiste pas à retranscrire un épisode de cette tardive Odyssée: « Bientôt nous voyons à peu de distance l’île des Songes, entourée de ténèbres et difficile à distinguer. Semblable aux Songes mêmes, elle s’éloignait à notre approche, fuyait et paraissait s’évanouir. Enfin nous la tenons, et nous entrons dans le port, nommé Port du sommeil, tout près des portes d’ivoire, à l’endroit où s’élève le temple d’Alectryon. Nous y débarquons le soir, nous pénétrons dans la ville, où nous voyons une foule de songes de toute espèce(…).  Elle est entièrement entourée d’une forêt composée de grands pavots et de mandragores, et remplie d’une infinité de chauves-souris, seul être ailé qui se trouve dans l’île. Tout près coule un fleuve, nommé par les habitants Nyctiporus, formé de deux sources voisines des portes : l’une s’appelle Négrétos et l’autre Pannychie. L’enceinte de la ville, haute et de couleur changeante ressemble à l’écharpe d’Iris : elle n’a pas deux portes, comme dit Homère, mais quatre, dont deux regardent la plaine de la Mollesse : l’une est de fer, l’autre d’argile ; c’est par elles que sortent, diton, les songes effrayants, ensanglantés, cruels(…).Les Songes n’ont ni la même nature ni la même forme : les uns sont longs, beaux, agréables ; les autres sont courts et laids ; ceux-ci paraissent d’or, ceux-là chétifs et misérables ; quelques-uns portent des ailes, d’autres ont une physionomie étrange ».
    
       Ces textes évoquent avec beaucoup de complaisance le cadre mythologique (l’Antre du Sommeil)  et les créatures qui le peuplent (Morphée, Hypnos et son pavot, les Songes), mais ne contribuent finalement guère à nous éclairer sur le sujet. Identifier le thème d’une œuvre telle que La Nuit, peinture savante à références multiples, relève d’investigations bien trop pointues pour l’auteur de blog! D’autant plus que Dossi lui-même semble avoir éprouvé une certaine délectation à nous égarer.  
     

      Pour lever les incertitudes, il faudrait commencer par identifier la figure principale,  tâche rendue difficile du fait de son indéniable nature androgyne. L’apparence et le vêtement répondent-ils seulement à Morphée, dieu des rêves? L’historien Gustav Hartlaub évacue l’hypothèse d’une figure masculine pour établir un rapprochement avec le thème, au demeurant peu représenté dans la peinture, du rêve d’Hécube, épisode tiré de L’Iliade. Celle qui va mettre au monde Pâris, voit dans un songe prémonitoire – mais, concernant la mythologie,  n’est-ce pas  un pléonasme ? – la destruction de Troie, consumée dans les flammes.
    
      Ainsi, La Nuit, qui puise abondamment ses sources dans les textes mythologiques et qui rejoint par certains aspects, la mantique, cette discipline chère aux Anciens, associerait à la description pittoresque du Pays du Sommeil – dont les Songes semblent constituer une  excroissance démesurée ! – le thème du rêve d’Hécube, énième expression tragique de la fatalité chez les Grecs. 
     

      Lors de la période d’apprentissage de Battista Dossi dans l’atelier de Raphaël, le jeune peintre de Ferrare a naturellement dû connaitre  Marcantonio Raimondi, brillant graveur et actif diffuseur des œuvres du génie d’Urbino. Sans pouvoir préciser les modalités, on peut envisager qu’au cours de cette brève période romaine, Dossi s’enthousiasme devant cette gravure pour le moins étrange (fig.8). Impression profonde et suffisamment durable pour qu’il reprenne, deux décennies plus tard, le sujet avec une allégeance non dissimulée.

marcantonio Raimondi le songe de Raphael

Fig.8

     Pourtant, sans remettre en cause la dette de Battista Dossi envers Marcantonio Raimondi, on peut souligner l’audace de l’entreprise qui consiste à transposer sur une toile de grande envergure  une fantasmagorie jusque là réduite à la gravure, le changement d’échelle opérant inévitablement une intrusion exacerbée de la fantaisie et de l’humour dans le sujet mythologique.
      Parce qu’en effet, dans cette composition rythmée par l’oblique de la monumentale figure d’Hécube –  citation bien trop appuyée des sibylles de la Sixtine – tout semble animé d’une étrange folie. Mais ces trouvailles visuelles  pour le moins farfelues répondent à un jeu d’associations qui constitue le deuxième élément structurant du tableau.
       Voyez l’extravagance bien improbable des nœuds de ces tuniques, qui répond à la boule de pavot agitée par Hypnos, mais aussi la pleine lune qui imprègne l’oreiller d’Hécube et qui renvoie aux yeux de la chouette. Dossi s’applique également à  parer les Songes d’étranges crêtes, motifs ornementaux que l’on retrouve chez le coq – d’une taille démesurée ! – et qui se prolongent, autant sur les festons de la robe, que dans les contours des végétaux.
      Toutes ces correspondances nous convient ainsi à des lectures simultanées, chacune des parties répondant  à une cohésion d’ensemble. A ce titre, l’expression la plus aboutie demeure les nuées qui s’échappent en volutes tourbillonnantes de la ville incendiée, et dont la couleur verdâtre, mais aussi les plissements et la configuration agissent comme le prolongement céleste de la robe d’Hécube. Ainsi, le rêve – ou le cauchemar, c’est selon – de la mère du héros finit par investir la totalité de la surface peinte, où désormais, sujet et objet se confondent.
 
     Minéraux disposés en bossages, bestiaire excentrique, profusion de  plumes et de crêtes, blasons, têtes coupées, nuées incandescentes qui consument une ville plus barbare que grecque, créature androgyne endormie par un dieu inquiet, débordement visuel où l’on devine presque les cris, les bruissements et les rires…  
    

      Au terme de ces investigations, il semblerait que chacun puisse trouver dans La Nuit, l’objet de ses craintes ou de ses espérances : un  monde d’angoisse où la fin de Troie annonce la chute d’une humanité réprouvée; mais aussi, un monde salvateur d’humour et de transgression, où, à l’image des Saturnales de la Rome antique, tout devient désormais possible (fig.9).
 

La chute et la dérision

Fig.9

Notes

1.1468-1470, Ferrare, Palais Schifanoia.
2.1458-1460, Londres, National Gallery.
3. Vers 1830, Winterthur, collection Oskar Reinhart
4.1538, Los Angeles, Paul Getty Museum.
5. La Nuit de Corrège fait partie  des œuvres incontournables  de la Gemaldegalerie de Dresde où se trouve précisément le tableau de Battista Dossi.
6. 1781, Detroit, Institute of Arts.
7. Pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin dans la découverte de ce texte unique voici le lien http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/Lucien/veritable1.htm
 
 

 

 

 

 

 

 

 

  

     

 

 

 

 

Comments
8 Responses to “La Nuit de Battista DOSSI”
  1. Nicolaï dit :

    Ah, vous évoquez là quelques figures qui m’intéressent, François.

    Füssli, c’est Barthélémy Jobert qui me l’a fait découvrir lors d’un cours sur la peinture romantique du 19e siècle (cours qui faisait la part belle à Turner et Friedrich). De Füssli, je retiens sa manière de mettre en mouvement les personnages, en cela il est très bon. Et puis, ses thèmes de prédilection m’intéressent, bien sûr, Shakespeare, Dante, l’épopée des Nibelugen…

    J’apprécie beaucoup les ouvrages de Kierkegaard, mais je retiens plus particulièrement dans votre article la sublime Mélancolie de Dürer, qu’on présente comme un autoportrait symbolique, et que j’ai eu le bonheur d’admirer à la très belle exposition de la « mélancolie » il y a quelques années au Grand-Palais. Superbe exposition!

    Bel article par ailleurs, vous notez « ce vaste chantier d’érudition, dont les mots et les idées ne semblent appartenir qu’au XVIe siècle. » il est vrai qu’il est fascinant de se pencher sur le travail d’érudition de cette époque. J’ai aussi apprécié ce que vous avez dit sur le rêve… Et superbe citation d’Ovide!

    • delapeinture dit :

      J’ai découvert ce tableau dans le très beau musée de Dresde, lors d’un voyage en Allemagne, voici deux ans. Pour entrer dans ce musée, il faut encore que le visiteur pousse lui-même une lourde porte de chêne : authenticité d’un contact, d’un lien physique et intime, sensations devenues rares et précieuses à une époque où la plupart des institutions muséales imposent au public la froideur des grands ensembles.
      La Nuit appelle en effet les références, explicites et implicites. En le relisant, je constate que ce texte n’échappe pas toujours à une certaine pesanteur, parce qu’il accorde beaucoup d’importance aux citations. Les Anciens, bien sur, mais aussi le mouvement humaniste des capitales et des régions. Enfin, il y a les citations que tableau appelle à son tour, par un jeu de correspondances, où l’on retrouve justement Füssli et, pourquoi pas ? Richard Dadd, auteur du génial Fairy feller’s Master Stroke.

      Merci de votre visite, Nicolaï ! François

  2. ap dit :

    Ciel au loin froissé sous l’incendie faisant écho aux plis de la robe. Rouge vif des flammes de la crête sous l’œil rond de la lune. Etranges monstres du sommeil qui s’invitent. Décidément, la nuit remue toujours !
    Merci pour cette découverte.
    ap

  3. delapeinture dit :

    Déjà du sein tendre et frais de la terre,
    Sa grande mère,montait l’obscure Nuit,
    Portant des airs flottants et le nuage
    De la précieuse pluie de la rosée,
    Et, secouant l’humide bord du voile,
    Elle aspergeait les fleurs et la verdure,
    Et les zéphyrs, en battant de leurs ailes,
    Flattaient les endormies âmes mortelles.

    Belle évocation de La Nuit rédigée par le Tasse,autre ferrarais, dans le chant XIV de La Jerusalem délivrée.

    Pour les nuits blanches, vous avez aussi Cioran!François

  4. Allavena dit :

    Bravo pour cette présentation très intéressante d’un tableau qui ne manque effectivement pas d’intriguer. Le rapprochement avec le songe d’Hécube est effectivement très séduisant. La cohorte d’animaux fantastiques et d’êtres hybrides que l’on aperçoit au second plan me fait penser à l’univers de Jérôme Bosch, le coq placé sur la gauche pourrait-il avoir une connotation religieuse rappelant le reniement de saint Pierre? Ce tableau a le mérite, outre ses qualités esthétiques, de faire travailler l’imagination.
    Stéphane ALLAVENA (un ancien compère…)

  5. delapeinture dit :

    Ancien compère en effet que j’ai plaisir à retrouver ici!Il me semble d’ailleurs que la peinture italienne faisait partie de tes orientations prioritaires à l’époque de nos études.A propos de ton commentaire, je partage naturellement ton avis sur les possibilités imaginatives de toutes sortes qui peuvent naitre de cette Nuit, mais je reste un peu sceptique quant à une allusion chrétienne avec le coq qui peut tout simplement représenter la figure annonciatrice de la nuit.Cet aspect marginal nous renvoie à la question plus vaste et bien délicate de la dialectique née des images,terrain de spéculations aussi passionnantes qu’incertaines.François

  6. delapeinture dit :

    Merci à Myriam pour sa visite!Le cas de Füssli nous renvoie à ces peintres que l’on veut réduire souvent à un seul tableau.Si parfois le constat peut s’avérer pertinent – je pense par exemple à « l’épisode de la retraite de Moscou » de Boissard de Boisdenier – dans la plupart des cas, il ne se justifie pas.Géricault ne se résume pas au « Radeau de la Méduse » malgré l’association immédiate, pas plus que « la Descente de croix » du Pontormo…

  7. Un grand merci pour ce superbe article et ces delicieuses images
    amicalement
    Gilles

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